Sur le théâtre québécois


DRAMATURGIE

SUR LE THEATRE QUEBECOIS





18 septembre 2012



L’histoire du théâtre québécois commence le 14 novembre 1606 lorsqu’un groupe de Colons, installés dans un campement pendant l’exploration des lieux, donnent une représentation. C’est Marc Lescarbot, membre du groupe, qui écrit la pièce et la fait jouer au campement.
Le titre : «Théâtre de Neptune en la Nouvelle-France» ; c’est un spectacle avec une série de personnages mythologiques et indiens avec des costumes originaux, extravagants.
C’est le premier spectacle européen en Amérique du Nord.

La société québécoise est très religieuse : d’un côté les anglais protestants, de l’autre les français catholiques.
Les prêtres catholiques ne manquent pas de prévenir des dangers du théâtre et tout comme en Europe, les comédiens sont marginalisés (le comédien est un homme faux, hypocrite : pas de sépulture pour lui). Ceci ne favorise donc pas la pratique du théâtre.

Entre le 17ème et le 19ème siècles, le seul théâtre qui se fait au Canada est amateur et reprend des pièces européennes.
Dans les garnisons militaires anglaises, par exemple, il y a beaucoup de théâtre amateur, on reprend Corneille, Racine, Molière (en français par des amateurs anglais, donc).

A partir du 19/20ème siècle, de grandes tournées théâtrales sont accueillies au Canada. Sarah Bernhardt va souvent jouer au Canada.

C’est dans les années 30 et 50, avec l’apparition de la radio et de la télévision, que les comédiens vont pouvoir sortir de leur condition d’amateur et vivre de leur art.

Dans les années 50-70 se mettent en place des organismes publics qui vont favoriser la création.
Le théâtre canadien anglophone a du mal à créer son propre théâtre et suit le modèle et les tournées américaines : «Entertainment» plus que «Théâtre d’Art».
Le théâtre québécois est aussi influencé par le théâtre français. Il y a beaucoup de spectacles-cabarets à Québec. Au départ, ce sont des metteurs en scène français qui arrivent au Canada à la moitié du XXème siècle. 
En 1948, le Théâtre du Rideau Vert est créé. En 1951, c’est le Théâtre du Nouveau Monde qui est créé. Une exigence artistique se met alors en place sur ce modèle français du «Théâtre d’Art».





  • Tit-Coq, de Gratien Gélinas 
écrite en 1947 puis jouée au théâtre jusqu’en 1953, date de production du film de la pièce.
Cette pièce signe l’acte de naissance du théâtre québécois : elle est la première à faire entendre le parler québécois au théâtre et à montrer la vie des petites gens et leur façon de s'exprimer.

Tit-Coq est le surnom donné au personnage principal de la pièce, souvent en colère pour des problèmes d’honneur. Il est né de parents inconnus, s’engage dans la guerre entre 1942 et 1945, a toujours vécu seul.
Il se bat quelques jours avant Noël avec un autre soldat, Jean-Paul, qui l’a traité de «bâtard». Le prêtre, pour apaiser les tensions, propose à Tit-Coq, qui a toujours passé Noël seul, d’aller le passer dans la famille de Jean-Paul.
Pendant la soirée Tit-Coq n’est pas très bavard et la famille essaie de le mettre en confiance. Il tombe amoureux de la soeur de Jean-Paul. Puis les deux soldats sont envoyés à la guerre en Europe.
La soeur de Jean-Paul finit par se laisser convaincre que Tit-Coq ne reviendra pas et accepte d'épouser un homme qu’elle ne désire pas par pression sociale.
Lorsque Tit-Coq revient, il apprend qu'il l'a perdue et qu'il n’a donc plus accès à sa famille, à laquelle il s’était beaucoup attaché. Un prêtre, qui l'a toujours accompagné comme conseiller spirituel, lui fait comprendre que c'était moins elle qu'il désirait que le fait de devenir membre d'une vraie famille.

- Extraits du film documentaire "Gratien Gélinas, un géant aux pieds d'argile", de Pascal Gélinas :
















Le joual


On appelle le parler québécois le «joual», de «cheval» mal prononcé.
Michel Tremblay, auteur des Belles-soeurs, rappelle que le joual naît entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles, lorsque les populations paysannes commencent à aller dans les villes et que les hommes, pour trouver du travail, doivent parler anglais. Ce sont les femmes qui conservent alors l'usage du français, comme une langue orale, sans pouvoir s'aider du support de l'écrit.
Le joual vient donc d’un frottement avec la culture anglaise, une partie de son vocabulaire est constitué de mots français forgés à partir de l’anglais. Il y a une volonté de défendre le français de la part des paysans qui n’écrivent pas et qui n’ont donc pas de modèle, seulement leur parler, en grande partie hérité du français parlé aux XVIIe et XVIIIe siècles dans le Nord-Ouest de la France.
Le joual vient donc d’un héritage populaire, c’est une langue dont on avait honte et qu’on a mis du temps à faire écouter.

Entre 1959 et 1968, la société québécoise se transforme : c’est ce qu’on appelle la «Révolution tranquille», suivant la période d’après-guerre dite  de la « Grande Noirceur». Il y a dans cette période une accélération et une transformation très rapide de la société qui revendique la culture québécoise.


Histoire de la langue québécoise, le joual :









  • Les Belles-Soeurs, Michel Tremblay, 1968 

-> Lien vers un extrait de la pièce

Germaine, qui vient de gagner un million de timbres-primes, organise une soirée de collage de timbres.
Cette pièce est comme une deuxième naissance du théâtre québécois. C’est un théâtre qui parle de soi (culture canadienne), il y a une reconnaissance de soi dans les personnages. Ce théâtre est dans la même mouvance que le «théâtre du quotidien» (Vinaver) qui désigne un théâtre presque naturaliste, qui s’attache à montrer ceux qu’on ne voit pas.
  • impression forte de conversation enregistrée, reconnaissance de la langue courante
  • moments de vie (Tchekhov), conversations, enjeux cachés
  • structure musicale qui fait alterner moments de choeur et solos

Le théâtre québécois est très attaché à la question de la langue. Il y a longtemps eu l’envie de montrer la réalité de la vie québécoise, la vie où et quand il ne se passe rien, l’aliénation de l’être... En même temps que l’envie de faire entendre la richesse culturelle du parler québécois.

Extrait d'un documentaire de la radio-télévision canadienne avec un extrait des Belles-soeurs, dans la mise en scène de 1968:

http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/theatre/clips/5001

La pièce de Michel Tremblay a aussi donné lieu récemment à une adaptation musicale, dont voici quelques extraits:Documentaire sur le québécois dans les années 1960, comportant des extraits des Belles-soeurs de Michel Tremblay, des entretiens, etc. :









Dans les années 1940 se développe un mouvement d’avant-garde, la «branche québécoise du surréalisme» : c’est le Mouvement Automatiste qui écrit un Manifeste en 1948, 
  • poésie phonétique, mots inventés...

En 1970 est organisée la Nuit de la Poésie, avec Claude Gauvreau : pour lui, l’écriture poétique et l’écriture théâtrale sont indissociables. Il a eu un rôle important en développant l’idée que l’on pouvait jouer avec la langue. Il écrit en 1956 La Charge de l’Orignal Epormyable, mise en scène en 1974. Sa pièce, Asile de la pureté, sera l’élément déclencheur de l’univers de Wajdi Mouawad.



Le théâtre québécois se caractérise donc par :
  • un réalisme du quotidien
  • l’invention possible d’une langue à soi de la part de l’auteur
  • le désir de raconter des histoires (non seulement de grandes structures narratives, mais aussi plein de petites histoires où déborde l’imaginaire)


Quelques exemples de pièces du théâtre québécois:


  • La Charge de l'orignal épormyable, de Claude Gauvreau, 1956






Dans cette pièce, Gauvreau fait une caractérisation de ses personnages : on trouve des figures de l'exil, des caractérisations physiques...
Un de ses personnages s'appelle Microsoft Mixeudeum, c'est un nom qui n'existe pas, peu vraisemblable : ce personnage fait parti d'un autre monde.
L'orignal, c'est le poète : on le nomme ainsi car lorsqu'on l'appelle, il arrive en défonçant les portes, comme un orignal.


  • Jean et Béatrice, de Carole Fréchette (actrice, metteur en scène puis écrivain), 2002
Huis-clos entre un homme et une femme. Lui a répondu à l’annonce qu’elle a placardée partout dans la ville : «Avis aux hommes de cette ville... Cette femme recherche un homme qui pourrait m’intéresser...»
  • théâtre où l’on insère des récits dans l’histoire, où il y a beaucoup d’imaginaire
  • la question de la filiation y est très importante

- Bande annonce de la mise en scène de la compagnie les Lorialets, 2011 :






On trouve souvent dans le théâtre québécois un désir de suivre plusieurs personnages sur une vie entière, avec des croisements de vie...

  • Vie et mort du Roi Boiteux, Jean-Pierre Ronfard, 1981 
-> Lien vers des extraits de la pièce

Cette pièce a une relation d’intertextualité avec plusieurs textes.
Elle parle du rapport ex-colonisés/colonisateurs.
L’univers de Shakespeare y est très présent, c’est une reprise de Richard III, roi boiteux. (Dadagobert est boiteux dans «e»)
L’imaginaire des enfants se matérialise, on y trouve une langue imagée et lyrique côtoyant la langue orale.

  • Les personnages boiteux, Hypothèses :
Il y a une double tradition théâtrale avec deux personnages boiteux très connus
  • Oedipe : exposé quand il était petit
  • Richard III : monstrueux, pas humain, boiteux et bâtard en même temps
La marche qui laisse des traces

La question de la filiation est très importante dans le théâtre québécois : on y trouve souvent des filiations perturbées, retrouvées, des enfants illégitimes...

  • Les Reines, Norman Chaurette, 1991
  • Hamlet, roi du Québec, 1968

Est-on légitime de sa culture ? Quelque chose se joue dans l’héritage culturel.
Quel est la place de l’écrivain dans la société ?
La place du théâtre québécois dans l’histoire du théâtre ?

Hypothèse : c’est un théâtre où le désir n’a pas de limites, mais où le principe de désir n’aboutit pas au principe de réalité.





Dictionnaires du québécois :
http://www.dictionnaire-quebecois.com/
http://www.joualvert.com/html/francais.html 


Ressources sur l’écriture théâtrale canadienne-française :
Centre des Auteurs Dramatiques (Québec et Canada) : http://www.cead.qc.ca/_accueil
Association Québécoise des Auteurs Dramatiques : http://www.aqad.qc.ca/

Histoire du théâtre au Québec :
http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm
PgNm=TCE&Params=f1ARTF0007940
http://theatre.ameriquefrancaise.org/ (site pédagogique interactif)




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9 octobre 2012



Le Roi Boiteux, Jean-Pierre Ronfard


(exposé de Laëtitia)



« Prologue : Scène descriptive en vue de la mise en scène

Une horde d’une quinzaine de personnes tirant une grand roue sur laquelle un homme nu est écartelé, la tête recouverte d’un sac. 
Le cadre de la roue porte six inscriptions correspondant aux titres des six pièces de la saga.
Les quinze personnages doivent être hétéroclites : un moine aveugle obligatoirement, possiblement : une geisha japonaise, une clocharde de la rue Saint-Denis, un bûcheron québécois, un Ecossais, un harikrishna, une dame distinguée, un homme-grenouille, un gérant de banque avec son suit case, un travesti, une baigneuse, une végétarienne, une garde-malade, un agent de sécurité, un guerrier romain, une dame du Moyen-Age avec son hennin, un marquis du XVIIe siècle, Robespierre, l’Ayatollah Khomeiny, Golda Meir, un cosmonaute, un Arabe, l’Apollon du Belvédère, Mona Lisa ou la Liberté sur les barricades de Delacroix, quelques enfants, quelques animaux domestiques...

Le moine aveugle fait tourner la roue qui s’arrête sur un titre, la musique chorale repart en même temps que la horde avec la Roue. Ce prologue est répété à chaque début de scènes (lorsqu’elle ne sont pas représentées à la suite) »


Le prologue nous met dans une atmosphère de jeu avec la «Roue de la fortune» et nous rappelle qu’on est au théâtre, que l’on joue à raconter une histoire, à se réunir autour de quelque chose, en même temps qu’elle est la roue du destin.

L’atmosphère hétéroclite de la horde appelle l’aspects hétéroclite des spectateurs.


FABLE, résumé d'une histoire 'tragico- grotesque'...

I- LA NAISSANCE DU ROI BOITEUX
François Premier part en guerre en Azerbaïdjan pendant que sa femme Catherine est enceinte. Pendant que Lou Birkanian raconte des histoires aux enfants et que les femmes se disputent pour des histoires de famille, dont le fait que Judith, sa tante, ait abandonné son premier fils Moïse sur le bord du Nil, Alcide, premier enfant de François, s’exile car il ne supporte pas la présence future du nouveau né. Pendant que Catherine accouche, voyant déjà son enfant roi, François Premier meure tué par le fantôme de sa première femme, morte au moment d’accoucher. Mort à la guerre pour les autres.

II - L’ENFANCE DU ROI BOITEUX
Les enfants jouent au jeu des grands, des maîtres et des esclaves, des conquêtes et des batailles, Richard enfant pense déjà à son règne et à son destin fabuleux. Les femmes, seules au pouvoir, se montent les unes contre les autres : Emma et Judith Roberge, tantes de Catherine du côté de sa mère morte, dont elles accusent le père Filipo Ragone, qui s’est arrêté de parler après l’accident, de l’avoir tuée.  Judith apprend que son mari, le pasteur Peter Williams, en mission au Brésil, s’est fait mangé par les amazones. Elle devient folle. Richard prend les commandes du jeu des enfants, déjà plein d’ambitions, dont celle de tuer Alceste Premier.

III - LE PRINTEMPS DU ROI BOITEUX
Catherine prend Robert Houle, ancien camarade de classe de Richard pour amant, «Lord Protecteur». Emma accuse Filipo et Catherine d’avoir copulé, «le vice Ragone», et par cet acte d’avoir tué Angela, sa mère. Les enfants grandissent, les jumeaux sont maintenant des amoureux, Roy fait du trafic d’animaux morts, Richard a peur des femmes alors Freddy et Roy le font coucher avec Annie. Marie-Jeanne est amoureuse d’Alcide Premier dont elle attend le retour. On retrouve d’ailleurs Alcide en Azerbaïdjan, réincarnation de Hercule, après avoir fait mille conquêtes, il est empoisonné par une femme jalouse. L’ombre de François Premier est coincée entre Terre et Ciel. Richard clos la pièce de son monologue « Le temps des mouches achève. S’en vient maintenant le temps des abeilles»

IV- LA JEUNESSE DU ROI BOITEUX
Les jumeaux sont clowns. Marie-Jeanne pleure sur la dépouille d’Alceste, fait comprendre à Richard qu’elle aimerait que les rôles soient inversés puis Richard, par la rhétorique des mots, lui fait changer d’avis et promettre son lit. Roy commence à faire des affaires et à arnaquer les gens. Catherine annonce officiellement Richard Roi. Roy devient ministre des finances. Annie est bannie pour son émotivité.  Madame Roberge est promue cuisinière. Judith délire. Les jumeaux ont soif de liberté. Lou Birkanian couche avec le Temps. Catherine est jalouse car son amant Robert Houle fantasme sur Annie Williams. Nefertiti reçoit Moïse qui est libre de retourner dans son village après avoir crée le sarcophage de Toutankhamon. Madame Ragone demande à Roy de faire tuer Catherine. Roy fait tuer Madame Ragone. Querelle sur le pouvoir entre Catherine et Richard sur le modèle tragique. Après avoir confié à sa mère qu’il a peur du sexe de sa bien-aimée Marie-Jeanne Larose, Catherine les marie pour conjurer la peur.

V- LES VOYAGES DU ROI BOITEUX
Richard constate qu’il n’a plus à craindre ni Alcide qui est mort, ni la famille Roberge puisque l’une est morte et l’autre folle. Il prévoit de partir en voyage, il attend que le vent se lève et consulte l’oracle qui lui dit qu’il doit tuer sa fille. Au moment où il s’apprête à le faire, le vent se lève. Moïse, roi du Soudan, fuit avec son peuple à l’arrivée d’un bateau plein d’hommes armés. Catherine, Richard, Robert et Annie arrivent sur l’île de Circé et sont victimes d’un sortilège pendant une nuit. Les jumeaux et Freddy se sont échoués sur un radeau pendant une tempête, il arrivent sur une île où Nelson se fait tuer par une femme et  un sorcier, pour sauver un autre homme, Marc Lemieux, son père qu’il n’a jamais connu. Roy, qui fait ses affaires dans la légalité maintenant, il est resté en ville et assiste à la propagation de la peste, il en tire profit. Judith meurt en Alaska, au moment où elle retrouve son fils Moïse qu’elle était partie chercher. Lou Birkanian rencontre la femme des Andes.

VI- LA CITE DU ROI BOITEUX
Richard demande à Robert de le débarrasser de sa femme Marie-Jeanne Larose et prévoit de les envoyer tous les deux en Azerbaïdjan en tournée publicitaire. Moïse demande conseil à Albert Einstein saoul qui lance les dès et leur dit de continuer leur périple : Moïse, son peuple et Leïla, la fille d'Alceste 1er, marchent sur l’eau. Au bar Spartacus, Catherine demande à Roy, un Roberge, d’unir sa puissance financière à la puissance politique de Richard pour sauver le royaume en déclin. Roy se moque des histoires de famille et du château et travaille uniquement à son enrichissement personnel. Il s’en va. Richard arrive et veut tuer Roy qui ne lui permet pas d’être roi en entier. Sandy et Freddie trainent le cadavre de Nelson avec eux, ils ne veulent plus écouter les histoires de Lou Birkanian. Richard non plus ne veut plus l’écouter. Elle meurt de ne plus être écoutée. Claire Premier, fille du roi et de la reine, a 18 et est photographe, elle prend des clichés à coups «d’éclairs de magnésium». Richard va voir Annie envoyée à Varincourt pendant le voyage de Robert. Richard vient lui rendre visite pour lui demander de tuer son frère. Elle le jette de chez elle et va prévenir Roy. Catherine tue Roy. Richard tue Catherine. Moïse tue Richard.


THEMES

Le sexe 
  • François Premier vient chercher sa femme pour l’enculer avant de partir en guerre
  • Les jumeaux, dès leur enfance, font des galipettes tous nus
  • Alcide séduit bon nombre de femmes, dont une fait un monologue torride
  • Annie, enchantée par Circé, devient folle de sexe
  • Catherine prend un amant au printemps car son corps n’en peut plus
  • Même Richard, horrifié par le sexe, est obligé d’y passer avec Annie. 
  • Lou Birkanian touche le sexe des jumeaux pour les différencier
  • Lou copule avec le Temps, c’est le plaisir qui l’a marquée

Les crimes familiaux : une épopée familiale sanglante, une réécriture de Richard III de Shakespeare 
  • Filipo aurait tué sa femme Angela
  • Roy tue sa tante Emma Roberge
  • Catherine tue son cousin Roy Williams, un Roberge
  • Richard s’apprête à tuer sa fille pour que le vent se lève ( Agamemnon...)
  • Marc Lemieux tue indirectement son fils qu’il n’a jamais connu, Nelson Sparks : c’est sa femme qui tue Nelson pour sauver Marc.
  • Richard tue sa mère Catherine
  • Moïse tue son lointain cousin Richard

Le destin
  • «le vice Ragone»
  • Richard : est qualifié «d’ombre» par Lou Birkanian, la voyante. Tout comme Emma Roberge après, elle présage un funeste destin à la venue de Richard. Son pieds orthopédique sera la raison de sa rage de vivre et de vaincre, un peu trop.
En même temps que comme il le dit lui-même, il a tous les vices du monde et demande aux autres de tuer pour lui (VI, 7, p-272-280)
  • Le moine aveugle : c’est lui qui tourne la Roue au prologue et il apparait pendant toute l’épopée dans certaines scènes, passant avec sa cloche

La jeunesse 
  • Titres de l'épopée : Naissance, Enfance, Printemps, Jeunesse puis Voyages et Cité du Roi Boiteux, quatre titres pour la jeunesse.
  • le Printemps/ la nature : toute la pièce est basée sur le changement, sur la naissance de quelque chose, les hommes suivent le printemps, l'action des hommes est parallèle à la nature : au printemps, Catherine prend un amant, au printemps, Richard veut conquérir le monde...



SIMILITUDES AVEC «e»

L’inceste
  • Filipo Ragone aurait couché avec sa fille Catherine
  • Les deux jumeaux Sandy et Nelson Sparks, en grandissant, deviennent amants
  • Catherine fréquente un cousin puis fantasme sur son fils Richard, comme d’un éventuel amant


C’est ce que Emma Roberge appelle «le vice Ragone»



Brouillage enfants/adultes
Dans «e», les enfants sont pris dans les conflits, c'est J'il enfant qui paie pour les querelles des adultes, J’il et J’il 12 co-existent.
Dans le Roi Boiteux, les enfants jouent au jeu des adultes, jeu qui deviendra leur vie : il y a comme un retournement où ce sont les enfants qui ont un parler lyrique quand ils jouent et Catherine vient rompre ce lyrisme avec un parler populaire très accentué.




Figure du personnage omniscient/ objectivité dans le conflit recul
Dans «e» : la Didascalienne
Dans le Roi Boiteux, Lou Birkanian est une voyante venue d’Azerbaïdjan et qui a fui le génocide.

Elle raconte ses histoires à la famille, nourrit leur soif de rêve et de conquête. A la fin, elle meurt de ne plus être écoutée.

Elle observe les autres de manière détachée en même temps qu'elle les protège de «la tornade des désirs mortels, tout ce qu’ils appellent leur destin»

Le rapport au présent : elle fréquente le Temps, la femme des Andes, personnages intemporels, immortels, allégories détachées de l'action, de l'Histoire humaine.





Thème de l’Autre, celui qu’on élimine
  • Alcide ne supporte pas la présence de Richard, Richard ne supporte pas la présence d’Alcide, quand Alcide a disparu, c’est Roy qui empêche Richard de se sentir roi complètement : il le fait éliminer.
  • Madame Ho : scène hors fable où un peuple vivant sur une île se fait piéger par un médecin mal intentionné qui, au lieu de les vacciner, les contamine.
  • Nelson : lorsqu’il arrive sur l’île après son naufrage, les habitants le sacrifie pour sauver un autre homme, habitant de l’île : son propre père qu’il n’a jamais vu.
  • Azerbaïdjan : terre de guerre et de conquête, Lou a fui, François Premier et Alcide y sont morts, les enfants veulent en faire leur conquête.



Aspect cyclique de la guerre des hommes :
Il ne semble pas y avoir de jugement moral dans la pièce, l’auteur montre simplement l’état du monde et des hommes. Après avoir tué tout le monde autour de lui, dont ses menaces les plus pesantes : Alcide, premier fils de François et la famille Roberge, pour atteindre le règne absolu, Richard se fait finalement tué par Moïse, absent de l’univers de Richard depuis le début. Moïse, fils de Judith Roberge, revient sur sa terre d’origine avec Leila, fille d’Alcide Premier, née d’une aventure en Azerbaïdjan, pour devenir roi. La boucle est bouclée.




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9 octobre 2012



De Gauvreau à Danis, en passant par Jean-Pierre Ronfard, le théâtre québécois renvoie à un monde familier par rapport :
  • à l'intertextualité : référence à la culture, à la tradition littéraire...
  • au réalisme : détails triviaux ou obscènes.
  • au mythe : théâtre anthropologique, qui interroge la construction d’une civilisation, d’une identité, les liens familiaux...

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Michel Foucault, dans «Espaces autres» (texte de conférence à des architectes) introduit le concept d’hétérotopie. Pour lui, il y a trois espaces :
  • l’espace réel
  • les espaces utopiques que l’on invente
  • les espaces intermédiaires : ils existent mais ce sont des lieux de représentation et de transformation (les hôpitaux, les prisons, les écoles). C’est une représentation du monde mais il y a eu transformation de la relation avec ce monde (espace réel/espace inventé). C’est un espace où l’imaginaire trouve une sorte de réalisation.


Dans «e»
  • La nomination des personnes ne fonctionne pas comme on la connait
  • La nomination des lieux non plus : Sein-Azzède.
  • Les relations de filiations : femmère, perhomme (le terme «Père» désigne en général un état d’accomplissement)

L’hétérotopie : on reconnait ce qui est devant nous en même temps qu’on remarque l’écart, la différence.

Dans la mise en scène, il ne faudrait pas pousser dans l’étrangeté mais au contraire rendre familier ce qui est étrange, pour que cela reste compréhensible au spectateur.


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LE THEATRE QUEBECOIS ET LES NOUVELLES TECHNOLOGIES



Robert Le Page, avec la compagnie Ex Machine, puis la compagnie Robert Lepage, explorent les potentialités offertes par les dispositifs de projection.
Il fonde sa mise en scène à partir d’un objet et il est très attaché à la narrativité au théâtre.

En 1994, il crée Les sept branches de la rivière Ota.



C’est lui qui ouvre le travail sur les nouvelles technologies au Canada.

-> Lien vers une vidéo de Robert Lepage qui explique sa démarche artistique, sur le site de la compagnie Ex Machina :



Michel Lemieux et Victor Pilon créent La Tempête en 2002.
Des rideaux très fins sont placés à plusieurs niveaux de profondeur sur scène où est projeté la figure des acteurs. 
Les acteurs sur scène sont entre un écran et un autre et apparaissent au milieu des autres personnages sur l’écran.
Il y a un traitement cinématographique de l’image dans la couleur des filtres, les gros plans...


-> Lien vers le site de Marc Lemieux et Victor Pilon, très explicite sur leur travail, où vous trouverez plusieurs vidéos de leurs spectacles, dont La Tempête :


Denis Marleau, mises en scène :

Les Aveugles de Maeterlinck (douze aveugles sur une îles)
Il n’y a pas d’acteur sur scène mais douze masques sculptés. 
Deux acteurs, un homme est une femme, ont été filmés et leur visage est projeté sur les masques sculptés. Le jeu du visage est très important dans les mises en scène de Marleau. 





Dors mon petit enfant de Jon Fosse
Il y a trois poupées sur scène : le visage des comédiens est projeté sur la tête des poupées. Les visages deviennent étranges...






Les trois derniers jours de Fernando Pessoa, d’après le récit d’Antonio Tabucchi
Il travaille sur l’incarnation du comédien et sur l’étrange.









Il explore le rapport entre dramaturgie textuelle et dramaturgie virtuelle.

Dans Kiwi, il s’intéresse au jeu dans l’obscurité, en filmant avec une caméra infrarouge.
C’est l’histoire d’une société souterraine qui vit en autarcie avec le reste du monde.

rapport au nom : les membres de cette société changent de nom à leur arrivée, «porter un nom de fruit ou de légume, ça te change pas mais ça te nettoie on dirait» : procédé de purification.

hétérotopie : à l’intérieur de cette représentation, on distingue deux mondes différents : celui de la société en général (altérité) et le monde de la société que l’on se construit, une société intime que l’on essaie de suivre de manière intime. (Koltés)

Idée d’une dramaturgie visuelle. 

Les vidéos ont été réalisées lors d’un atelier avec des lycéens.

On y trouve, comme dans «e»:
  • une prison juvénile : les institutions fermées, d’isolation, dans l’autre monde.
  • L’arrachement à le terre d’origine, la recherche d’une nouvelle terre d’habitation.
  • Le rapport à l’imaginaire, la transformation du réel : le droit de nommer les choses sous une autre forme, de transformer le monde en l’imaginant.
  • appel à l’imagination : Kiwi rêve sur du papier peint. A travers le pouvoir du langage, il y a le pouvoir de l’imagination
Dans «e», où se trouvent les personnages de l’Autre Monde qui rêvent ? Hébelle ?
  • tissage entre la parole poétique et le surnaturel.
  • l’imaginaire se concrétise en images



« Kiwi », de Daniel Danis (critique de Léna Martinelli), La Manufacture, Avignon Off 2008



Œuvres

(Liste non exhaustive)

2008 : Bled, L’Arche éditeur, Paris<

2007 : Kiwi, L’Arche éditeur, Paris 


2007 : Sous un ciel de chamaille, L’Arche éditeur, Paris 


2006 : Terre océane, roman-dit, L’Arche éditeur, Paris


2005 : An Ocean of Rain, livret pour opéra contemporain


2005 : 9 vues, texte de Danis, gravures de Louise Masson. Les éditions du Passage, Montréal


2005 : E, roman-dit, L’Arche éditeur, Paris, et Leméac, Montréal


2004 : Mille anonymes, lexitexte, L’Arche éditeur, Paris


2003 : Terre océane, roman-dit, accompagné de photographies de Susan Coolen. Publication Dazibao, Montréal


1998 : Le Langue-à-langue des chiens de roche, parution sous la forme de tapuscrit, Théâtre Ouvert, Paris, 1998. L’Arche éditeur, Paris, 2001. Leméac, Montréal, 2007.


1996 : Le Chant du dire-dire, parution sous la forme de tapuscrit (épuisé), Théâtre Ouvert, Paris. L’Arche éditeur, Paris, 2000. À paraître chez Leméac, Montréal, 2005.


1996 : Le Pont de pierres et la Peau d'images (jeune public), l'École des Loisirs, Paris.


1994 : Les Nuages de terre, (version non définitive). Parution sous la forme de Tapuscrit, Théâtre Ouvert, Paris.


1993 : Celle-là (premier texte écrit), Leméac, Montréal, 1993 et 2000. Parution sous la forme du tapuscrit (épuisé), Théâtre Ouvert, Paris, 1993.


1992 : Cendres de cailloux, Leméac, Montréal ; Actes Sud-Papiers, Paris, 1992 et 2000.




Liens :

Site de la compagnie Daniel Danis : http://www.compagniedanieldanis.blogspot.fr/

Articles sur France Culture : http://www.franceculture.fr/personne-daniel-danis

Documentation sur Daniel Danis : http://auteurs.contemporain.info/daniel-danis/

Centre des auteurs dramatiques, Canada : http://www.cead.qc.ca/_cead_repertoire/id_auteur/124



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